Lors de mes recherches pour trouver le Saint-Grâal, à savoir, LE farm work qui te permet de rester 1 année supplémentaire dans ce pays gigantesque qu’est l’Australie, je n’ai malheureusement pas trouvé mon bonheur … J’aurais en effet aimé lire des retours d’expériences pour savoir à quoi m’attendre et avoir une idée des missions attendues.
Ajouté à cela que des fidèles lectrices (coucou les copines) m’ont demandé de quoi était constitué mes journées : j’ai donc décidé de vous concocter un article concret sur mon travail quotidien à la ferme.
- Cattle work
Autrement dit, s’occuper des vaches ! Nous avons toujours fait le cattle work en famille et avec les employés, expliquant pourquoi cela est une de mes tâches favorites. Comprenez : toujours synonyme de bons moments tous ensemble ! Moments de rigolades pour nous les humains hein, car pour les vaches c’est autre chose malheureusement … Greg, Jas’ & Joe réunissent le troupeau dans le cattle yard (l’enclos), pour que l’on en dirige une quinzaine environ afin qu’elles patientent dans celui que j’appelle « le couloir de la mort » … Pour diriger le cattle, ils utilisent des bâtons ou un manche électrifié. Et pas pour les effrayer mais bien pour les frapper. Les pauvres bêtes ont tellement peur qu’elles font leurs besoins partout, en poussant des cris qui ressemblent fort à des râles de désespoir … Parfois, totalement apeurées, elles se coincent têtes et pattes dans les barrières, pour essayer de fuir. Atroce. Ensuite, une par une, elles montent sur une plate-forme qui sert à les peser. Ma mission est de noter leurs poids et leurs races. Si besoin, Greg leur arrache les cornes et/ou leur coupe les testicules au rasoir … J’ai littéralement failli vomir la première fois que j’ai vu la pauvre bête se tordre de douleur. Il les vaccine également tandis que Kate scanne l’étiquette sur leurs oreilles et leur administre un antibiotique pour les yeux si besoin. Pour la veggie que je suis, c’est franchement un supplice de voir les animaux traités de la sorte et je me sens encore plus mal sachant que j’y participe ! Etant donné le troupeaux, le cattle work peut nous prendre facilement 5h de bon matin, en plein soleil, les pieds dans la bouse, sans vous parlez des mouches ! Mais si si je vous assure, on se marre bien !
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Spraying
Traiter les champs, ou plutôt détruire la nature … Le but de cette tâche est de mettre du spray (un pesticide donc) sur une mauvaise herbe en particulier, au volant du ute. Je précise que le ute ainsi que la pompe du spray fonctionnent au diesel ?! Coucou l’écologie. Les champs traités peuvent ensuite servir de pâture aux animaux ou bien pour faire pousser les céréales. Pas étonnant que l’on se retrouve donc avec de l’herbicide dans notre corps … Et ici, avec le nombre hallucinant de cancers qu’il y a, cela fait réfléchir. Vous aurez donc compris qu’encore une fois, je ne suis pas fière de ce que je fais … Car avec mon spray, je tue également papillons, sauterelles, phasmes et wildlife alentours ! Pour vous donner une idée de l’immensité des champs, j’ai déjà passé une journée entière de spraying job (10h30) sans pour autant avoir fait 1/3 de la parcelle … Le champs le plus petit de la propriété est de 40 hectares tandis que le plus grand fait 557 hectares !
- Everyday routine
Mes journées commencent toujours par la routine pool cleaner and sprinklers. J’allume donc les 9 tuyaux d’arrosage du jardin immense de Kate et Greg. Non, vous ne rêvez pas, cela ne pose de problème à personne d’arroser en continu lorsqu’il fait 40 degrés. Leur jardin étant tellement grand, cette tâche peut facilement me prendre 20-30 minutes. Ensuite, toutes les 2h, je dois changer les sprinklers de spot afin d’éviter l’inondation. Concernant la piscine, je ramasse feuilles, araignées, grenouilles et parfois souris qui s’y trouvent. Ensuite je mets en route le pool cleaner (un aspirateur) pour 2h de nettoyage. Une fois terminé, il faut nettoyer les filtres du pool cleaner et parfois repasser un coup d’épuisette, afin que cela soit nickel.
- Feeding animals
Tous les soirs, je dois nourrir les poules, les 3 chiens et le chat. Les chiens de berger étant chacun dans des cages différentes, dans la ferme, il n’est pas rare que cette simple tâche me prenne 40 bonnes minutes. En effet, cela inclus également ramasser et dater les œufs, vérifier et remplir les gamelles d’eau si besoin, trouver le chat, etc. Dès lors, pouvez-vous imaginer ma tête lorsque je rentre broyé du champs et que l’on me dit « Don’t you mind feeding all the pets please ?« …
- Lunch & dinner
Préparer les repas. Facile pour le lunch, ces Aussi‘ricain mangent tous les jours 2 tranches de pain de mie beurrés, toastés, avec du cheddar (+ jambon ou bacon parfois), le tout copieusement arrosé de sauce BBQ. Huuum, ça donne envie hein ?! J’aide Kate pour le dîner en coupant et épluchant les légumes par exemple, mettre la table, vider/remplir le lave-vaisselle.
Weeding
Cela a été mon cauchemar certains jours … Le désherbage. Le jardin avait « juste » quelques semaines de retard d’entretien mais vu l’immensité, le travail était franchement conséquent ! En plus, à cause des inondations qu’ils ont subi, certaines parties du jardin ont été submergé pendant 3 semaines, donc vive la weed en dessous de tout ça ! Des heures sous le cagnard, à arracher de l’herbe ! Sans pouvoir se mettre sur tes genoux car des fourmis géantes te piquent ! J’ai fait ça les 3 premières semaine, quasiment tous les jours, de 7h30 à 13h. Les jours où je ne faisais pas de weeding, cela me manquait presque … J’ai un peu moins aimé quand j’ai découvert des serpents et des wolf spiders … J’inclus dans le weeding d’autres tâches de slave work, comme par exemple ramasser des branches dans la propriété. L’état du dos on en parle ?
- Gardening
Déjà un peu plus intéressant que le weeding, surtout lorsque Kate m’apporte ses connaissances au sujet des arbres, des plantes, de la wildlife. J’ai remis son potager en état : arranger la weed des plates-bandes, recouvrir de compost la terre pour que cela soit clean, etc. Un peu plus dur lorsque Kate m’a demandé de couper des arbres avec un tout petit outil … J’y ai passé des heures ! Et bien sûr, charger ensuite les branches et troncs dans la brouette pour les brûler plus tard.
- Sheep work
Je me souviens encore la 1ère fois que j’ai fait ça … Ils m’avaient assigné au poste du tazzer !! Je devais donc électrocuter les moutons et agneaux pour qu’ils avancent plus vite … J’ai du tenir 5 minutes. Voyant que je ne le faisait pas correctement, Kate m’a dit « bon ok je te remplace » … Même principe que le cattle work : on s’y met tous et Greg les vaccine plus leur donne médoc si besoin. Il leur coupe aussi la queue, au rasoir … Kate, Jason, Joe, les enfants et moi sommes à différents emplacements pour diriger le troupeau. Les chiens nous aident bien. Ce même jour a eu lieu mon « bizutage ». Devant un troupeau d’une cinquantaine de moutons, Greg me dit « I want it, catch him » … Ils m’ont bien laissé galérer à courir partout pendant quelques minutes avant de me donner la technique ! Regrouper le troupeau dans un coin très lentement et se jeter sur le mouton voulu. J’ai réussi du 1er coup !
J’inclus dans le sheep work le fait de déplacer les bêtes d’un champs à un autre. J’ai effectué cette tâche avec Jason : lui sur son quad à l’arrière du troupeau, moi au volant de mon 4×4 pour ouvrir la voie et empêcher les bêtes d’aller dans de mauvaises directions. Résultat : nous avons mis environ 5h à parcourir une distance que nous effectuons généralement en une vingtaine de minutes … J’ai donc découvert, stupéfaite, des moutons épuisés après 5h de cavale, qui préféraient se jeter sous mes roues plutôt que d’envisager de continuer de courir sous la chaleur … Je n’avais jamais franchement pensé à tout ça lorsque je mangeais encore de la viande : mais désormais, après tous les cadavres de moutons, de vaches, d’oiseaux, de poules que j’ai vu, je sais qu’il m’est tout simplement impossible d’imaginer en remanger un jour !
- House duties
C’est sans doute ce qui m’emballe le moins mais c’est certainement une des tâches les moins fatigante … Là où j’ai beaucoup de mal, c’est que les tâches ménagères et moi ça fait deux ! Kate en revanche, qui est « femme au foyer » croit me faire plaisir en me demandant de passer l’aspirateur, étendre le linge, faire les machines, le repassage, passer la serpillière, vider le lave-vaisselle, sortir les poubelles, ect. Une fois, elle m’a demandé toute excitée « alors, comment tu nettoyais tes vitres chez toi en France ? » … Je n’ai pas osé dire que pendant 1 an et demi à l’appart’, je ne les avaient jamais faites ! Don’t blame me. Je ne suis définitivement pas une femme d’intérieure et les house duties auront été difficiles pour moi sur le plan « psychologique » si je puis dire. Des années de combat féministe pour que je me retrouve à faire la soubrette, devant une « maîtresse de maison » ravie, car je suis en train de devenir une femme au foyer efficace, bonne à marier … Bloody job !
- Bus runDepuis début février (date de la rentrée scolaire ici), Ellie et Cam ont repris l’école et je dois donc les déposer au bus avant 8h le matin et les récupérer à 15h30. Soit 2h de route dans le bush tous les jours … Le trajet du matin me stresse toujours un peu car on est jamais à l’abri d’une galère sur la route : des wallaby morts écrasés, des troupeaux de moutons qui traversent, des arbres couchés, etc.
- Lift
La ferme est clairement le royaume des véhicules et du diesel : entre nos 4×4 perso, les utes de Greg, Jas’ & Joe, les tracteurs, les motos, les quad : on en parcoure des kilomètres à la ferme ! Régulièrement, ces Messieurs ont donc besoin de lift, pour les conduire d’un tracteur à leur ute, du quad à la moto, etc. Qui appellent-ils donc pour parcourir la ferme en long en large et en travers ? Bibi. Autant vous dire que maintenant, les 800 hectares de propriété n’ont (presque) plus de secrets pour moi … Les lift peuvent aussi consister à aller récupérer des utes au garage dans la ville d’à côté : allez, c’est parti pour 3h de route !
- Cleaning vehicles
J’ai bien aimé monter dans les monsters trucks : du nettoyage certes, mais “au volant” d’un 36 tonnes, ça change la donne !
- Watching grain
Sans aucun doute la mission la moins physique de toute ! Mais parmi les plus longues en revanche … Cette dernière consiste à regarder le grain s’écouler des machines. En effet, le grain doit être correctement concassé afin de pouvoir être donné aux animaux ensuite. Il faut donc effectuer parfois des micro réglages sur la machine, la stopper ou la relancer. Concrètement, j’avais une chaise, mon chapeau et un bidon d’eau et je restais des heures à regarder le grain s’écouler. Funny, isn’t it ?!
Voici donc un aperçu des tâches qui ont été les miennes pendant 2 mois et demi. En résumé, le travail est clairement physique. Une simple tâche peut facilement prendre plusieurs heures. La chaleur n’arrangeant rien … Néanmoins et c’est bien le plus incroyable, on s’y habitue. J’étais loin de penser que j’en étais capable et finalement : pas le choix ! J’ai pris énormément de plaisir à apprendre et découvrir ce bush way of life. Le tracteur, les quads, la moto, les 4×4, vivre au contact des animaux tous les jours et au beau milieu des champs font partie des points positifs que je retiens. Si le corps peut supporter tout cela, je dirais que la dimension « psychologique » est sans doute la plus difficile à gérer et à tenir sur la longueur … Je vous prépare de ce pas un article qui explique pourquoi !
A toi backpacker qui me lit peut-être, du fin fond de ton bush, je te souhaite une fabuleuse expérience et te dis bon courage. Keep going mate, don’t worry too much about that bloody job, and just think about the bucks you’re going to earn …
Fais-moi rêver ! Où as-tu effectué ton farm work et quelles ont été tes missions ? Cattle farm, dairy farm, crops ? As-tu toi aussi repoussé tes limites ? Partage ton pire ou ton meilleur souvenir de farm work !
If your artlices are always this helpful, « I’ll be back. »
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Thanks for your feedback, I’m glad if it can help you in anyway 🙂
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