Jamais je n’aurais cru pouvoir être autant « dépaysée » de cette façon, dans un pays comme l’Australie … En effet, lorsque l’on me parle de choc culturel, ce n’est pas un pays occidental, riche et peuplé principalement de blancs qui me vient en tête. Et pourtant, il semble que le bush soit un monde à part. Loin de moi l’idée de juger ceux qui y habitent, j’aimerais simplement vous faire partager mon expérience et ce que j’ai vécu.
- Géographie : 0 pointé !
Je ne peux oublier ma 1ère soirée, lorsque Greg me demanda : « D’où viens-tu ? » et qu’il me répondit ensuite « Oh tu sais, moi et la géographie … C’est dans quel pays Paris ? ». Je suis loin d’être patriote ou même chauvine mais je pensais que la capitale d’un des pays les plus touristiques au monde pouvait quand même lui faire tilt ! J’étais capable de citer plusieurs villes d’Australie (sans pour autant toutes les situer sur une carte, on est bien d’accord) alors que Greg n’avait tout bonnement aucune idée du pays duquel je pouvais venir … A ce sujet, j’ai des anecdotes similaires à la pelle : des enfants en passant par leurs parents, il semblerait que personne n’ait une idée précise de ce que représente le monde au-delà de l’Australie … Come on mates, are you kidding me ?!
Après avoir compris que leur intérêt ne dépassait guère leur île, j’ai questionné les Broughton à propos de leur endroit favori dans la région du New South Wales. Réponse unanime pour Greg, Ellie et Cam : « Jamea !! » (du nom de la ferme) tandis que Kate m’a répondu « n’importe ou du moment qu’il y a la plage ». Tout est dit non ?!
- Comfort zone
De ce fait, vous aurez bien compris que le bush de manière générale et cette ferme en particulier représente clairement leur vie. On y vit tous, on y travaille, c’est là que les enfants y grandissent. Que vous soyez en repos (pour ceux qui ont la chance d’en avoir …) ou au boulot : le décor restera toujours le même. Ils se sont tellement habitué à l’hostilité de l’environnement en développant des compétences qui leur permettent d’y (sur)vivre et d’y travailler, qu’ils sont dans l’incapacité la plus complète de comprendre que ce ne soit pas familier pour moi. Tuer un serpent avec son gun, se repérer la nuit à travers les champs, sortir un ute embourbé dans une mare, conduire le 4×4 comme un pilote : c’est votre zone de confort les gars, pas la mienne. Même si j’ai adoré en faire un peu partie et apprendre 1001 choses grâce à vous. Néanmoins, lorsque des gens pas très tolérants et ouverts d’esprit vous invite dans leur comfort zone, le risque majeur est de se sentir nulle. Tout simplement stupide de ne pas savoir faire le quart de ce qu’ils font depuis leur plus jeune âge. Moralement, le farm work peut être compliqué à ce niveau. J’aurais tellement aimé qu’ils puissent s’imaginer ne serait-ce que 5 minutes ce qu’était ma comfort zone à moi … Je suis née et j’ai grandi dans le 93. J’ai vécu 2 fois en HLM. J’ai appris à conduire à Pantin. Pas de 4×4 pour moi mais les RER et les métro que je connais par cœur. Le 19ème arrondissement, que j’aime, dans lequel j’ai vécu 5 ans. Ma comfort zone au travail était composée d’une badgeuse, de RDV avec des familles, de réunions à diriger. Ma vie c’était d’aller au sport, de boire des coups entre potes, d’aller courir à La Villette, d’aller au ciné. J’aurais aimé vous y voir les gars …
- Communication
Ajouté à cela un soupçon d’incompréhension … Qu’on se le dise, l’Anglais que vous et moi avons appris à l’école et « l’Australien » qu’ils parlent ici, composé de slang (argot), de fuck, de termes agricoles, le tout marmonné du bout des lèvres ou hurlé dans la radio : cela n’a rien à voir ! Encore une fois, on se sent très facilement idiote d’être la seule à ne pas comprendre … Surtout lorsque vous semblez déranger vos Aussie en leur demandant de répéter ! J’ai vite abandonné l’idée de leur demander de m’expliquer lorsque je ne comprenais pas un mot : ils ne savent tout simplement pas faire. Donc ont souvent préféré faire les choses à ma place, plutôt que d’essayer de me les expliquer pendant 3 minutes.
Je vous passe les propos racistes, homophobes et misogynes que j’ai très souvent entendu. Autant de situations difficiles à vivre car je ne me sentais pas capable d’argumenter mes opinions avec aisance en Anglais et de toute façon, on ne me demandait absolument pas mon avis. La difficulté du travail, le rythme effréné sans aucun jour de repos, l’isolement et ce sentiment de huit-clos ne m’ont forcément pas aidé à prendre du recul.
Je ne veux pas dresser un tableau noir du bush ou des fermiers, je répète partager ici mes ressentis et mon expérience, avec cette famille en particulier. Je ne regrette absolument pas le bush lifestyle car j’ai vraiment apprécié vivre à la ferme avec les animaux. J’ai juste été très déçu d’un point de vue humain, car j’ai plus eu l’impression d’avoir été considéré comme de la main d’oeuvre docile qu’autre chose.
Pour conclure, j’ai eu la surprise d’être renvoyée du jour au lendemain : sans une partie de mon argent et surtout sans mon précieux papier du Visa. Sometimes, shit happens … Je ne m’étendrais pas plus à ce sujet, si ce n’est pour dire que j’ai eu l’impression que l’on m’a reproché tout et surtout n’importe quoi : ma façon de vivre, de penser, de conduire, d’être. Étrange sensation que celle d’avoir passé 2 mois et demi à travailler d’arrache-pieds pour rien ou presque, avec des individus qui ont voulu me pousser à bout et se débarrasser de moi assez brutalement. Le tout de manière froide, calculée et sans une once d’émotion ou de remords. Welcome in Oz when you are a backpacker !
J’ai la chance de connaître actuellement une expérience plus que positive de farm work, après celle-ci ; que j’ai hâte de vous faire partager. Bye-bye bush … Need to come back to life right now !
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