On va pas se mentir, c’est pas le genre de la maison : il est très difficile de rentrer en France. D’autant plus quand on ne sait pas quand est-ce que l’on va repartir … Mais bonne nouvelle, j’ai trouvé une parade pour adoucir un peu ce retour violent à une certaine réalité !
Le Rêve de l’Aborigène, vous connaissez ?! C’est un festival qui, depuis 18 ans, met à l’honneur les peuples premiers, les communautés minoritaires à travers le monde par le biais de leurs musiques et leurs cultures ; localisé à Airvault (dans les Deux-Sèvres).

Des performers venus tout droit de Mongolie, des représentants du chant traditionnel amérindien, sont autant d’artistes que vous pourrez découvrir dans ce cadre. Cette année, j’ai été plus que chanceuse car le festival accueillait notamment Larry Gurruwiwi et ses frères, venus tout droit du Northern Territory, en Australie.

- Comment devenir bénévoles ?
Rien de plus simple, il vous suffira de guetter quelques mois avant l’événement, sur la page Facebook dédiée au festival, l’ouverture des inscriptions pour celleux qu’ils nomment « béné’loves ».
Les catégories sont nombreuses mais attention les places partent vite ! Vous aurez le choix entre les domaines créatifs (animation pour les enfants, décoration du site), la logistique (la gestion des déchets sur le site, la cuisine et le service, l’entretien des toilettes sèches, le parking) ou bien les activités phares du festival (accueil des artistes, billetterie, cocooning des autres béné’loves).

Afin de mettre toutes les chances de mon côté, j’avais « postulé » à au moins 3 catégories différentes. Et j’ai eu le plaisir d’être placée au pôle billetterie !
- A quoi s’attendre en tant que béné’love ?
C’était la première fois que je participais à un festival en tant que bénévole, je n’avais donc aucune espèce d’attente sur ce qui m’attendait. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la barre a été placée très haut !
Vous serez invité à vous installer sur le site un jour avant (sauf si vous êtes au montage et démontage des stands), soit le jeudi dans la journée, pour participer à la réunion de briefing. En découvrant le site, je me serais cru à Disneyland !! Avoir la chance de déambuler sur le site vide, d’observer les décorations en cours de finalisation, d’aller au plus près de la grande scène avant qu’elle ne soit envahie par la foule, vous donnera vraiment un sentiment de privilégié !
Lors de cette réunion, je me suis rendu compte que nous étions environ 400-500 à travailler bénévolement sur le festival ! Malgré ce chiffre impressionnant, la bienveillance est de mise et l’esprit qui y règne est vraiment celui d’une grande famille, où tout le monde se parle avec beaucoup de facilité.
J’en profite pour préciser que c’était également la première fois que je faisais un festival seule. Je vous défie réellement de vous sentir isolée si vous participez en solo à votre tour, tant l’ambiance est chaleureuse et inclusive. Il y a eu une excellente ambiance avec les festivaliers également bien sûr, mais l’harmonie qui règne entre béné’love est clairement incomparable …

Après avoir écouté les organisateurs évoquer l’esprit du festival et comment ce dernier allait se dérouler, nous avons rencontrés nos chefs de pôles pour en savoir plus sur nos missions.
- Les missions à la billetterie
Ici, vous travaillerez en binôme. C’est assez sympa si vous voulez vous inscrire avec quelqu’un car l’organisation respectera votre choix et vous mettra ensemble. Nous étions censés faire 2 fois 3h de travail pour le vendredi et le samedi et 3h seulement le dimanche. En effet, la journée du dimanche étant la plus calme.
Pour ce qui est des missions, rien de plus simple : scanner des billets, mettre des bracelets et sourire ! Rien de bien compliqué dans l’ensemble, il faut seulement vous attendre à un léger rush les deux premiers jours, car le festival accueille environ 7500 festivaliers. A titre d’exemple, nous avions passé 1500 personnes en 1h le premier jour !!
- L’esprit du festival
Vendredi à 12h, les portes du festival s’ouvrent et le Rêve commence ! De nombreux stands et tipis proposent des conférences : que ce soit sur les modes de vie alternatifs, la permaculture, la gynécologie instinctive, les cultures autochtones, l’apprentissage d’instruments (didgeridoo, guimbarde, piano à pouce). Des activités tels que le yoga, les siestes musicales, l’éveil à la méditation sont également présentes. Côté créatif, de nombreuses animations existent pour les enfants ainsi que des cours d’initiation de poterie ou de création de bijoux.
Beaucoup de ces activités sont gratuites ou bien à prix libre (vous donnez ce que vous pouvez ou ce qui vous semble juste). Il existe aussi certains services comme des massages qui sont payants.
J’insiste également sur la dimension familiale. Je n’ai jamais vu un festival avec autant d’enfants !! Le nombre de familles entières que j’ai accueilli : de la Mamie ex soixante-huitarde qui vient depuis 15 ans avec ses propres enfants et leurs enfants … Des bébés portés en écharpe, des fratries qui déambulent de tipi en tipi ou bien qui se cachent dans la forêt, les enfants sont partout au Rêve !

Et si vous êtes parents et que vous me lisez, je vous rassure : « perdre » son enfant dans ce genre de festival hippie n’est absolument pas un problème ! J’ai vu des festivaliers faire des kilomètres pour raccompagner des enfants un peu égarés et des parents totalement sereins de laisser leurs enfants jouer et se faire des amis, en discutant avec tout le monde, adultes comme enfants.
J’ai moi-même « accueilli » 3 enfants avec qui j’avais rigolé dans ma cabine, pour mettre quelques bracelets et scanner des billets, car ça les amusait beaucoup. Un autre encore un peu trop aventureux a confondu la billetterie avec le point de ralliement, si bien qu’il a passé une bonne partie de mon shift à venir discuter avec moi devant ma cabine. No worries je vous dit !
Le Rêve de l’Aborigène est un festival sans alcool, là encore c’était une grande première pour moi. Par respect pour les populations Aborigènes en Australie par exemple, où l’alcool introduit a fait et fait encore malheureusement des ravages, vous n’aurez pas moyen de ramener ou bien de consommer de l’alcool sur le site. Ambiance Woodstock, pas les feria !
Mention spéciale pour le pôle cocooning des béné’love … Avant ou après vos shift, un espace est dédié entièrement au bien être de celleux qui donnent de leur temps sur le site. Vous pourrez vous faire masser, manger des fruits frais et boire des infusions du jardin, faire une sieste dans un tipi réservé à cet usage, vous faire maquiller, jouer ou écouter de la musique … Chill intense !! J’ai clairement passé beaucoup de temps dans cet espace …
- Larry Gurruwiwi & Malawurr band
Je crois que j’aurais été comblée par ce festival, même si je n’avais vu qu’eux … J’étais encore en train de travailler dans ma cabine à la billetterie quand j’ai entendu les premières notes de didgeridoo retentir. Je ne saurais correctement vous expliquer mais je les auraient reconnu entre 1000. Au Rêve, tout le monde joue du didgeridoo et je suis loin d’être une experte en la matière, mais en un instant, j’ai reconnu ces sons et les claquements des claps tellement spécifiques. Grâce à cette musique, je me suis retrouvée 1 an en arrière, au beau milieu du désert. J’ai trouvé leur prestation exceptionnelle et très émouvante (c’est à dire j’ai pleuré comme une madeleine tout du long). Avoir la chance de voir ces 3 frères chanter, jouer et danser à 17 000 kilomètres de chez-eux m’a bouleversé.

Si l’Histoire vous intéresse, RDV par ici.
- Quitter le Rêve
Après 3 jours de festivités hippies, à vivre pieds nus, seins/torse nus et globalement avec très peu de vêtements, il est difficile de quitter le Rêve ! On s’habitue très vite à avoir du didgeridoo tous les jours dans les oreilles et à faire des sourire aux inconnus qui ne le restent jamais bien longtemps. Heureusement, nous sommes tous dans le même état et les câlins collectifs spontanés redoublent le dimanche !

- Mon ressenti
Vous avez du le comprendre, j’ai a-do-ré cette première expérience de bénévolat et si je suis en France l’année prochaine, soyez sûrs que vous me retrouverez à la billetterie ! Pour les festivaliers, j’ai eu l’impression que la programmation musicale était peut-être un peu « légère ». J’entends par là que si vous ne faites pas d’ateliers ni conférences, la journée peut sembler longue dans l’attente des concerts du soir …
Aucun risque à ce niveau-là si vous êtes béné’love en revanche ! J’aurais vraiment souhaité participer à plus d’ateliers mais j’ai passé mon temps à faire des rencontres merveilleuses et discuter avec tout le monde !
Mention spéciale pour la cuisine ! En plus d’être clairement chouchoutés en tant que béné’love, vous aurez droit à 3 repas par jour : bio, veggie (option vegan et sans gluten) et local en majorité. Autrement dit, après 3 ans à me nourrir principalement de noodles, la nourriture de ce festival à elle-seule devrait vous motiver à vous inscrire !!
En espérant vous voir nombreuses et nombreux pour la 19ème édition l’année prochaine !!
Je vous invite vivement à regarder l’album complet des clichés sublimes de Julie World Tree par ici …
Ping : Bilan 2019 : la fin de 3 années de nomadisme autour du monde – BELLE EST LA ROUTE